Depuis le début de l’année, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le Sud-Kivu a connu une détérioration sans précédent de sa situation sécuritaire déjà fragile1. Les prises successives de villes de Minova et Goma par un groupe armé ont été suivies par l’avancée de ce groupe dans la province du Sud-Kivu avec la prise de Kalehe centre le 12 février, ville carrefour entre les routes reliant Bukavu à d’autres parties de la province, accentuant les pressions déjà existantes sur la ville. Cette pression a atteint son point culminant avec la prise de la ville de Bukavu au cours du week-end du 16 février. Dans ce contexte, il était essentiel d’évaluer l’impact de cette crise sur les marchés locaux. Cette analyse rapide visait à suivre l’évolution des prix des produits essentiels dans la ville de Bukavu et ses environs et à fournir une mise à jour des indicateurs économiques dans un environnement marqué par l’interruption des circuits d’approvisionnement et la vulnérabilité accrue des populations.
MESSAGES CLÉS
- Les commerçant.e.s et client.e.s ont majoritairement rapporté une hausse des prix des produits de base depuis début février. La hausse des prix pratiqués par les fournisseurs et les problèmes liés à l’approvisionnement étaient les raisons les plus citées pour expliquer cette hausse.
- Les haricots, l’huile de palme, la farine de maïs et le combustible étaient les produits pour lesquels les commerçant.e.s ont rapporté d’importantes difficultés pour se réapprovisionner. Les craintes de pénurie exprimées par les répondant.e.s sur ces produits étaient également élevées.
- Une détérioration de l’accès aux services financiers depuis début février a été rapportée par les répondant.e.s, avec notamment la fermeture de certains centres de distribution de liquidités. Cette crise de la liquidité semble avoir eu un effet sur le taux de change semblant instable sur la période, réduisant encore le pouvoir d’achat des ménages.
- Face à la hausse des prix, les client.e.s ont eu tendance à réduire les quantités achetées sur les produits de base, qui cumulée à une baisse de la fréquentation, a pu mener à des pertes d’opportunités pour les commerçant.e.s.
- L’accès physique et sécuritaire aux marchés évalués était limité du fait de l’insécurité. De nombreux incidents survenus depuis le 12 février, comme des vols de biens, semblent avoir pénalisé l’activité économique de la ville