Accès limité à l’eau, aux services de santé et aux moyens de subsistance 

À l’instar des autres pays de la région, le Burkina Faso connaît un contexte sécuritaire de plus en plus difficile, provoquant d’intenses déplacements de populations. Depuis 2019, la crise humanitaire se prolonge et évolue pour devenir une crise multidimensionnelle qui affecte un nombre croissant de personnes, avec plus de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. 

Selon l’Aperçu des Besoins Humanitaires 2024, le nombre de personnes dans le besoin – people in need (PiN) – a augmenté de 35% en un an. 

Afin de répondre à ces défis et d’appuyer la communauté humanitaire dans sa réponse, IMPACT – à travers son initiative REACH – a publié un brief de santé publique basé sur les données 2023 de son évaluation multisectorielle des besoins (MSNA). Cette analyse met en lumière les défis dans l’accès aux soins de santé rencontrés par la population du Burkina Faso et l’ampleur des problèmes de santé auxquels elle est confrontée. Ce brief montre également qu’il est urgent d’augmenter le financement de la réponse humanitaire et de baser cette réponse sur des données concrètes sur les besoins réels de la population, dont certains sont présentés dans cet article.

Urgence en matière d’Eau, Hygiène et Assainissement (EHA)

L’accès à l’eau représente un défi critique, en particulier pour les nombreux ménages déplacés. Une préoccupation majeure réside dans les temps d’attente et de collecte d’eau, dus à une pénurie sévère d’infrastructures adéquates et d’une absence de soutien humanitaire pour y répondre.  

Plus de 2/3 (65%) des ménages déplacés ont rapporté passer plus de 30 minutes à attendre et collecter l’eau au point d’eau. 

Même quand l’eau est accessible, les tensions aux points d’eau représentent également une menace sérieuse. Les attaques ciblées et les incidents signalés sont en augmentation, incluant la destruction ou contamination des points d’eau, le sabotage de réseaux, la destruction de camions et des menaces aux usages. Cette intensification peut être expliquée par la surutilisation des infrastructures et les problèmes de débit, dans un contexte de déplacement forcé vers des zones urbaines surpeuplées et parfois dangereuses.  

15% des ménages souffrent d’un approvisionnement en eau inférieur au seuil critique d’urgence de 15 litres par jour par personne, accentuant la pression sur les ressources hydriques, particulièrement dans les régions du Sahel, du Centre-Est et de l’Est. 

En plus des défis liés à l’accès à l’eau, les problèmes d’accès aux installations sanitaires sont également notables, avec un quart (23%) des ménages ayant rapporté ne pas utiliser de latrines améliorées.  

Face à ces multiples défis, l’aide humanitaire reste insuffisante avec seulement 8% des ménages ayant rapporté avoir bénéficié d’une assistance en matière d’eau potable et 13% en matière d’hygiène et d’assainissement. 

Obstacles aux soins de santé

Exacerbant la crise de santé publique, les problèmes mentionnés en termes de EHA accroissent considérablement les risques de propagation des maladies hydriques et contagieuses – en particulier pour les enfants. Quant à la dengue, les cas suspectés et le nombre de décès interpellent, faisant du Burkina Faso le pays le plus affecté en Afrique subsaharienne. 

Cependant, les barrières d’accès aux soins de santé sont omniprésentes, avec des temps d’attente excessifs, des coûts élevés de traitement, et une pénurie en médicaments. L’insécurité passée et présente, provoquant des attaques sur les services de santé, entraine également une détérioration des infrastructures de santé.  

Cette situation se traduit par une privation potentielle de soins pour plus de 3,6 millions de personnes (selon les estimations du Cluster Santé en novembre 2023). 

En dépit de ces défis, seulement 2% des ménages non déplacés et 10% des déplacés ont rapporté avoir reçu une assistance en santé.

Vulnérabilité des ménages  

Cette crise de santé publique au Burkina Faso est encore renforcée par la vulnérabilité économique préexistante des ménages, qui est elle-même exacerbée par les épisodes d’insécurité. La moitié des ménages, aussi bien déplacés que non-déplacés, connait des difficultés du fait des hausses de prix et des réductions de revenus, impactant sévèrement la sécurité alimentaire et l’accès aux services de base (dont ceux de santé comme mentionné). 

En effet, l’agriculture et l’élevage, des piliers traditionnels des moyens d’existence au Burkina Faso, sont entravés – notamment du fait de problèmes d’accès aux terres, et de l’insécurité. Sans cette production, les communautés sont davantage dépendantes de sources de nourriture externes, limitant leur autonomie et renforçant leurs difficultés financières.

Encore une fois, les ménages déplacés sont particulièrement vulnérables, avec peu de sources de revenus, une absence de revenu stable (salaire, propre entreprise, etc.), et une utilisation de stratégies d’adaptation de crise ou d’urgence.

Cette analyse (MNSA) met en lumière les disparités de genre, avec deux tiers (65%) des ménages dirigés par des femmes ayant rapporté des chocs, comparativement à la moitié (50%) pour les ménages dirigés par des hommes.

Appel à l’action

“La crise de protection à laquelle le Burkina Faso fait face depuis plusieurs années est venue alimenter et exacerber des vulnérabilités socio-économiques déjà présentes. De nombreuses régions du pays font aujourd’hui face à des défis qui nécessitent une mobilisation plus forte des ressources humanitaires et de développement. Dans ce contexte, les évaluations régulières des besoins restent nécessaires, y compris dans les régions considérées comme plus stables, afin de n’oublier personne.”

Amélie Salmon, Coordinatrice Pays du Burkina Faso

En effet, les épisodes récurrents d’insécurité, et les mouvements de populations qui en découlent, exacerbent les difficultés de la population à répondre à ses besoins les plus élémentaires. Les chiffres présentés dans ce brief – montrant l’écart entre l’ampleur des besoins la réponse humanitaire délivrée – soulignent la nécessité d’une action urgente pour répondre aux besoins de la population, particulièrement envers les ménages dirigés par des femmes et les déplacés.


Public health emergency in Burkina Faso 

Limited access to water, healthcare services, and livelihoods 

Like other countries in the region, Burkina Faso is experiencing an increasingly difficult security context, leading to intense population displacements. Since 2019, the humanitarian crisis has persisted and evolved into a multidimensional crisis affecting a growing number of people, with over 2 million people displaced within the country. 

According to the 2024 Humanitarian Needs Overview, the number of people in need (PiN) has increased by 35% since the previous year. 

To address these challenges and support the humanitarian community in its response, IMPACT – through its REACH initiative – has published a public health brief based on the 2023 data from its Multi-Sector Needs Assessment (MSNA). This analysis outlines the health challenges faced by the population of Burkina Faso and captures the extent of the problems it faces. It also demonstrates the urgent need for increased humanitarian funding and for this response to be evidence-based. 

A Water, Sanitation, and Hygiene (WASH) emergency 

Access to water poses a critical challenge, especially for the numerous displaced households. A major concern lies in the wait and collection times for water, due to a severe shortage of adequate infrastructure and a lack of humanitarian support to address it. 

More than 2/3 (65%) of displaced households reported spending more than 30 minutes waiting and collecting water at water points. 

Even when water is accessible, tensions at water points also pose a serious threat. Targeted attacks and reported incidents are on the rise, including the destruction or contamination of water points, network sabotages, destructions of trucks, and threats to users. This escalation can be explained by infrastructure’ overuse and flow limitations, in a context of forced displacement to overcrowded and sometimes dangerous urban areas. 

15% of households suffer from water supply below the critical emergency threshold of 15 liters per person per day, exacerbating pressure on water resources, particularly in the Sahel, Center-East, and East regions. 

In addition to limited access to water, problems accessing sanitation facilities are also notable, with a quarter (23%) of households reporting not using improved latrines.  

Despite these multiple challenges, humanitarian aid remains minimal (only 8% of households reported receiving water assistance, while 13% received assistance in hygiene and sanitation), underscoring the critical need to intensify intervention efforts. Financial support is necessary, for example dedicated to the construction or rehabilitation of wells. 

Barriers to healthcare

Exacerbating the public health crisis, the issues mentioned in terms of WASH significantly increase the risk of waterborne and contagious diseases – particularly among children. Regarding dengue, the suspected cases and the number of deaths is alarming, making Burkina Faso the most affected country in Sub-Saharan Africa. 

However, barriers to accessing healthcare are omnipresent, with excessive waiting times, high treatment costs, and the unavailability of necessary medications – creating considerable difficulties for those in need of medical care. Past and present insecurity, leading to attacks on healthcare services, also indicates a deterioration of medical infrastructure. 

This situation results in a potential deprivation of care for over 3.6 million people (according to estimates from the Health Cluster in November 2023). 

Despite these challenges, only 2% of non-displaced households and 10% of displaced households reported receiving healthcare assistance. 

Household Vulnerability

This public health crisis in Burkina Faso is especially multidimensional as it is linked to pre-existing economic vulnerability of households, reinforced by episodes of insecurity. Half of the households, both displaced and non-displaced, face difficulties such as price increases and income reductions, severely impacting food security and access to basic services (including healthcare, as mentioned). 

Indeed, agriculture and livestock, traditional pillars of livelihoods in Burkina Faso, are hindered by various elements – including land access limitations and insecurity. Without this production, communities become increasingly dependent on external food sources, limiting their autonomy and exacerbating their financial difficulties. 

Once again, displaced households are particularly vulnerable, with an economy characterized by limited diversity of income sources, lack of stable income (wages, own business, etc.), and reliance on crisis or emergency coping strategies.  

This analysis (MSNA) highlights gender disparities, with two-thirds (65%) of households led by women reporting shocks, compared to half (50%) for households led by men. 

Call to Action

“The protection crisis that Burkina Faso has been facing for several years has fueled and exacerbated existing socio-economic vulnerabilities. Many regions of the country are now facing challenges that require stronger mobilisation of humanitarian and development resources. In this context, regular needs assessments remain necessary, including in regions considered more stable, to ensure no one is overlooked”

Amélie Salmon, Burkina Faso Country Coordinator

Indeed, recurrent episodes of insecurity and resulting population movements exacerbate the population’s difficulties in meeting even its most basic needs. The figures presented in this brief – showing the gap between the extent of needs and the humanitarian response delivered – underscore the need for urgent action to meet the needs of the population, particularly for households led by women and displaced individuals. 

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